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Mon vieux copain Archi est parti

Je pourrais vous parler de sa vie avec nous, de la première fois où j’ai croisé son regard derrière les barreaux de la SPA.

Je pourrais vous dire combien ces 17 années avec lui n’ont été que des souvenirs de connexions. Connexions entre des maîtres et un chien. Et combien sa présence à nos côtés pendant toutes ces années de vie s’écoula comme un long fleuve tranquille.

Dieu sait comme j’aimais ce chien et comme je redoutais ce jour où nous allions devoir nous quitter.

Mais ce jour est arrivé, c’était un vendredi du mois d’octobre 2008.

Je me souviens de cette semaine avant qu’il ne meure. Nous organisions un week-end en communication animale avec mon amie Laïla Del Monte, Archi comme tous les soirs est sorti faire son tour, mais cette fois-ci Archi n’est pas rentré. Alertés, nous l’avons tous cherché. Nous l’avons trouvé 1/2 heure plus tard, immobilisé seul au fond de notre terrain devant une barrière naturelle d’arbres et d’arbustes. Nous l’avons aidé et l’avons ramené à la maison, soulagés, pensant qu’il avait perdu le sens de l’orientation.

Mais le lendemain, il refusa toute nourriture et profita d’un moment d’inattention pour disparaître à nouveau dans l’après-midi. Nous avons commencé les recherches à 16h, à 18h il était toujours introuvable. Il ne pouvait être loin, pouvant à peine se déplacer à cause de son arrière- train. Inquiète, je suis allée trouver Laïla en lui demandant de l’aide ainsi qu’à tous les stagiaires présents. Car moi-même qui avait l’habitude d’être en connexion avec lui, ce jour-là je ne ressentais plus rien. Et j’avais compris au fond de moi qu’il s’était éloigné pour mourir.

Malgré les efforts des uns et des autres et une recherche active de plus de 3 heures par 25 personnes quadrillant notre terrain, Archi restait introuvable.

Fatigués, à 23 heures, nous tentions une dernière fois de le localiser sur les indications de Laïla dans un peit bois en face de la maison. Mais rien toujours rien. Archi restait introuvable.

Le lendemain dès 8 heures les recherches reprirent, je me suis isolée et j’ai dit à mon vieux copain du fond de mon cœur que j’acceptais son départ mais qu’il ne parte pas comme cela. Alain le trouva 1/2 heure plus tard, à l’endroit que Laïla nous avait indiqué la veille, il s’était réfugié sous quelques branchages, il était épuisé mais vivant, mais il était évident pour toutes les personnes présentes qu’il avait délibérément choisi ce coin pour partir. Qu’il avait décidé que sa fin était arrivée.

Je n’ai pu accepter son choix ou bien il fallait accepter que je reste allongée à côté de lui jusqu’à la fin. Nous l’avons alors ramené à la maison. Nous l’avons installé sur un matelas très confortablement. J’ai posé sa tête sur mes genoux, je l’ai caressé, je l’ai embrassé, je lui ai dit que je l’aimais, et j’ai pleuré. Mais tout en pleurant je lui ai promis que je ne le retenait pas, qu’il pouvait partir tranquillement.

Nous avons allumé des bougies, mon amie Gabriella lui a fait une séance de reiki.

J’ai senti Archi heureux et tranquille d’être parmi nous, mais déterminé.

Pendant 5 jours, les bougies sont restées allumées nuit et jour à son chevet, nous avons pris soin de lui, il accepta de boire mais refusa toute nourriture.

Nous l’avons veillé, nous l’avons entouré d’amour.

Le vendredi suivant, Archi respirait très mal, il était évident que c’était son dernier jour parmi nous.

J’ai téléphoné à Laïla pour qu’elle l’aide à distance à partir sereinement, je l’ai embrassé, je lui ai dit que je l’aimais et je suis partie pour l’aider à partir loin de toute attache comme il l’avait demandé en communication.

Il est décédé 20 minutes après mon départ, paisiblement comme mon conjoint et mes filles me l’ont relaté. Il a été enterré près de notre maison.

Comme ma fille Roxane m’a dit quand je lui ai demandé si elle n’était pas trop triste : “Oui et non maman, je suis triste et en même temps je ne suis pas triste car je le sens heureux, c’est bizarre maman.” Je lui ai répondu : “Je ressens la même chose que toi, ma chérie.”

Alors bien sûr, Archi a eu un accompagnement à sa mort que peut-être certains trouveront un peu trop pour un chien, mais j’ai appris grâce à ces minutes partagées avec lui, grâce à ces minutes données comme un cadeau pour lui dire au revoir, grâce à ces minutes magiques qui vous ramènent à cette réalité qu’il nous faut apprendre à accepter l’inacceptable, que peut-être notre dernier acte d’amour est d’autoriser ceux que nous aimons à partir. Cet acte est important pour eux mais également pour nous.

Ce qu’Archi m’a appris, c’est que les chiens sont capables de décider du jour où ils veulent partir comme certaines personnes aimeraient pouvoir le faire. Tout dans sa démarche nous l'a prouvé et mêmes les plus cartésiens présents ont dû l'admettre. 

Certains chiens savent quand leur moment est venu de dire Au revoir.

Alors la question qui reste posée est pour moi celle-ci : les chiens ont-ils une conscience de la mort ?

Et peut-on alors raisonnablement penser et croire qu’un chien pourrait également décider de sa “mort intentionnelle” parce que son compagnon s’en est allé avant lui, c’est ce que nous appelons mourir de tristesse.

Ce dont je suis certaine, c’est qu’il existe, au-delà d’une communication des gestes et de la pensée, une communication du cœur qui nous permet, au-delà de ce que nous pouvons imaginer, d’entrevoir la sagesse animale.

Tout le comportement d’Archi mon vieux copain jusqu’à son dernier souffle m’aura appris que nous avons encore tout à découvrir des capacités des animaux et que nous n’atteindrons probablement jamais une certaine réalité qui est la leur car elle serait probablement bien trop déstabilisante pour la majorité d’entre nous ou bien trop modeste.

Merci Archi qui a été mon Maître jusqu’à sa fin. 


- Catherine Collignon

Archi est le chien en photo de couverture du livre de Turid Rugaas "Les signaux d'apaisement" Editions du Génie Canin. C'était notre façon de lui rendre hommage.

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